La Poursuite,
2013,
6 mn, 51 sec,
Vidéo HD 16/9
La Poursuite from Elodie Fradet on Vimeo.
La Poursuite a été montrée en 2013 au 6B à Saint-Denis dans et au cours de l'exposition "To bring a tear to the stone".
Dans La Poursuite, le lieu n'est pas seulement un décor ou un motif, ni même un signe, il est à la fois une forme et un fond, un objet et un sujet. Un topos et un locus.
Le lieu de cette poursuite : un bâtiment a l'identité plurielle : zone d'occupation et d'observation : un vélodrome étrangement désert, complètement vides de toute présence humaine, sans occupants ni observateurs hormi la caméra.
Les lieux vides sont des réceptacles pour l'inscription des images de mémoire.
Ces lieux de mémoire sont aussi des espaces en creux qu'on dirait "en attente". Cadres désertés n'offrant pas la moindre présence d'un visiteur, ces architectures exposées pour elles-mêmes, ses structures hiératiques sont habitées seulement par l'absence. Le vide domine. Impression de latence, de flottement. Ces lieux sont autant de loci hantés par des imagines.
La Poursuite se joue en deux temps tous deux composés d'une suite de plans faussement fixes d'espaces figés. Un premier temps : projecteurs éteints, escaliers déserts, gradins aux allées vides, sièges vacants.. On découvre peu à peu, plan après plan, cet anneau de béton entouré de zones d'observations et qui accueille en son centre un surnaturel espace vert. Seule la bande son : celle d'une vie urbaine environnante nous rattache à un présent mobile. Le retentissement d'une sirène civile va nous faire basculer dans le passé : le temps et le lieu d'un drame historique qui se trouve avoir ici assez de temps libre et d'espace vide et pour remonter à la surface de notre mémoire. Se remémorer.
La poursuite continue dans un second temps : celui de l'évènement sportif qu'accueille le bâtiment : la caméra fait le tour de cette ceinture de béton nous donnant à voir toujours en plan fixe des parcelles de cette piste.
Le temps se donne en effet doublement cyclique parce que s'établit entre les images une circularité singulière : elles fabriquent un espace qui tourne sur lui-même et du temps qui défile en boucle dans un espace figé, un temps gelé.
Les images de La Poursuite orchestre une partition d'espace/temps entre passé et présent, mémoire et festivité.